
Extraits Le vide de leurs entrailles, Rose Héléa
Marie parle avec sa psychologue.
¾ D’ailleurs, est-ce que vous avez remarqué qu’il n’existait pas de lexique pour les couples comme nous ? On parle de célibataires pour ceux n’ayant pas trouvé l’amour de leur vie. Pour celles – pas ceux d’ailleurs – qui restent seules toute leur vie, on emploie le terme de « vieille fille » ; « veuf » ou « veuve » lorsque l’on déplore la perte de l’être aimé ; d’orphelins pour ceux ayant dû se construire sans parents. Il n’y a pas de mot pour une femme ou un homme en quête et en manque d’enfant. Une femme sans enfant n’a pas de statut, sa souffrance n’est pas reconnue, elle n’est pas légitime. Pour les « sans enfant », il n’y a aucun terme. Pourtant, l’amour d’un père ou d’une mère pour son enfant m’apparaît comme un sentiment souverain. Alors pourquoi l’absence de ce mot ? Parce que c’est une désolation trop forte ou parce que c’est la douleur d’une minorité ? On dit « sans descendance » sauf que c’est un terme juridique désignant un individu ne pouvant pas transmettre son patrimoine à un autre. J’ai cherché et cherché et d’ailleurs, j’ai même trouvé un mot inusité. D’habitude j’aime bien les vieux mots. Pas là. C’est postéromanie.
¾ Qu’est-ce que cela signifie ?
¾ Ce terme si moche désigne une envie forte d’avoir des descendants. Il est trop dur, froid, rationnel et il sonne mal. « Post » c’est après. Donc trop tard. Tandis que « manie » suggère un déséquilibre mental. Une folie. En plus, ce sont des enfants que je veux moi. Pas des descendants ! Donc moi je suis « sans enfant ». Je n’ai pas de statut. Aujourd’hui, je suis donc définie uniquement par ma place en tant que « fille de », « conjointe de », mais pas « la maman de ». J’suis sûre que nos amis continuent à dire à leurs enfants : « on va chez Jo et Marie » et ils ne disent pas « on va chez les parents de ». Cela dit, maintenant, nos amis désertent notre chaumière justement parce que leurs enfants s’ennuient chez nous sans personne avec qui jouer et aussi peut-être parce que nous n’adhérons pas aux thèses du MVP. En tout cas, il m’apparait judicieux d’inventer un nouveau terme parce que malgré l’affluence dans les centres de PMA, le taux de fécondité diminue. Sensiblement. Personne n’en parle vraiment pourtant. Aucun article de presse, aucun reportage, aucune statistique. J’ai néanmoins le sentiment d’être moins attaquée par les ventres de femmes enceintes, moins oppressée par la vue de futures mères heureuses. »
Alors voilà, je ne sais pas si vous aviez remarqué cette absence de mot pour nous.
Je cherche, je cherche. J’ai trouvé PMAphiles et PMAphones
PMAphiles parce que le suffixe « phile » vient du grec ancien philia signifiant « amitié » ou « attirante ». Phile c’est aimer. Donc c’est remercier. Alors, même si cette salle d’attente de PMA vous fait chier et pleurer ; pour une kyrielle de raisons, nous avons de la chance (Voir l’article La gratitude. Faire de la vie et de la PMA un cadeau ? Foutaises et poudre de perlimpinpin ? dans la catégorie « Psy »), car clairement sans ces techniques, nous n’aurions pas l’espoir de porter un enfant (Attention, nous pouvons toujours devenir mère, même sans porter d’enfant, Voir l’article L’adoption. Le plus beau don dans la catégorie « Un petit bout de moi »).
Donc je le déclare haut et fort : je suis PMAphile !
Je suis aussi d’ailleurs PMAphone, pour continuer à jouer avec les suffixes. Phone signifie « voix » en grec ancien, parce qu’à force je parle le langage spécifique de la PMA (Voir extrait Le vide de leurs entrailles dans l’article Empathie et Sympathie. Les Blogs et les forums : des lieux d’échanges indispensables dans la catégorie « Psy » et voir tous les articles de la catégorie « Jeux de mots sur nos maux »).
Avec je suis une PMActrice, parce que la PMA c’est un choix que je fais en conscience. C’est un cadeau que je m’offre : une possibilité de porter un enfant. J’ai décidé seule et donc je ne subis pas la PMA, j’en suis actrice.
Voici quelques exemples de jeux de mots. Mais ce serait vraiment bien de créer notre vocabulaire. Alors, je vous laisse me donner vos nouveaux mots pour nous décrire. Nous les filles de la PMA. Nous les femmes avec des rêves d’enfant en suspens.
Voilà tout pour aujourd’hui! Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’envoyer un message. Vous pouvez par ailleurs, dans un commentaire, nous parler de vos expériences de visualisation en PMA.
Si vous avez des questions, des commentaires, n’hésitez pas à me contacter.
Suivez-moi sur instagram.
Suivez mes aventures d’auteure/autrice sur facebook.
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.