
« Au fil des traitements, les jours de contrôle s’étaient durcis. Elle emportait toujours un livre espérant tromper son anxiété. Sans succès. Les lignes dansaient sans relâche, avec la frénésie d’un fêtard dans une rave. Elle relisait plusieurs fois la même phrase, les mêmes mots. Aucun récit apaisant ne prenait forme. Les lettres s’emmêlaient, s’enchevêtraient, tissant une toile d’araignée dans laquelle l’histoire du roman et ses pensées s’embourbaient.
Alors, elle employait une autre stratégie : vaincre l’angoisse en arrêtant de penser. Son cœur s’accélérait, mais il ne fallait pas penser, ses mains devenaient moites, mais il ne fallait pas penser, sa respiration se coupait, mais il ne fallait pas penser. « Concentre-toi sur autre chose, comme maman t’a appris. » Elle connaissait par cœur le panneau d’affichage, les numéros à appeler pour un soutien psychologique, la procédure pour obtenir un VSL post-opération, un véhicule sanitaire léger pour ramener à la maison les femmes ayant subi une ponction, le récapitulatif des différents protocoles, les conseils majeurs sur la conduite à tenir et plus récemment une information sur l’endométriose. Elle avait usé ses yeux sur le portrait d’une femme, sereine, portant un enfant en son sein et sur celui d’un jeune asiatique, au regard apaisant dont les mains entouraient une bougie, pour la protéger ou s’y réchauffer, selon l’humeur de Marie. Elle avait regardé, scruté, détaillé, épié ses voisins, allant jusqu’à s’attarder sur leurs chaussures. » R. Héléa, Le vide de leurs entrailles, 2020.
Voilà Marie l’héroïne de mon roman. Dans l’attente d’un RDV de contrôle et … ironie du sort, incapable de se contrôler ! Si elle avait pu méditer, discrètement dans la salle d’attente…
Depuis le doux visage du Dalaï Lama en passant par les yeux rieurs de Matthieu Ricard, la méditation est aujourd’hui à la mode.
Alors pourquoi pas vous ? Parce que justement entre les traitements, les contrôles échographiques, le boulot, le stress lié au boulot, le stress lié à la PMA, vous vous dites que vous n’avez pas le temps et que ce n’est justement pas le moment de s’adonner à une nouvelle pratique alors que vous devez gérer tout le reste.
Personnellement, sans la méditation, non seulement je n’aurais pas pu tenir sur la durée, mais je n’aurais pas réussi à me relever. J’ai appris à méditer en PMA et je conserve précieusement cette pratique aujourd’hui.
Alors pourquoi ne pas essayer ? Juste quelques fois ?
Combien de temps ? Où ? Quand ? Comment ?
Alors, pour le temps tout d’abord. Certaines méditations ne durent que cinq minutes (ma préférée la méditation du sourire. Voir le lien plus bas) et d’autres dix minutes. Ensuite, à vous d’augmenter le temps si vous en avez envie, mais sachez que cinq minutes de méditation font déjà de l’effet.
Où ? Vous pouvez méditer chez vous, au boulot (même cachée dans les toilettes si vous êtes en open space), dans le métro, partout en réalité. Mais seule.
Quand ? Quand vous voulez. Personnellement, depuis quelque temps déjà, je me lève tôt le matin (après avoir lu l’excellent Miracle Morning d’Hal Elrod, voir dans la catégorie Livres)
Comment ? Que faire maintenant si vous n’arrivez pas à vous envisager assise, les jambes croisées sans bouger ? Si vous avez peur de souffrir d’un postérieur en flammes ou de membres ankylosés ? Vous pouvez commencer par réaliser des méditations en marchant, en faisant la cuisine, en mangeant et certains méditants s’allongent (attention, tout de même à ne pas vous endormir, éventuellement, mettez une alarme).
Vous avez déjà essayé et ça ne fonctionne pas pour vous ? Trop de questions se bousculent et vous empêchent de réussir ? Déjà, il n’y a rien à réussir ! Y’a pas de diplômes en méditation, y’a pas de compétition, ni de jeux olympiques, ni de copies à rendre. (voir article psy « jalousie »).
Pourquoi ne pas vous fixer un défi ? Deux méditations par semaine au début ? Deux fois cinq minutes. Tout simplement. Tout doucement. Tout sereinement.
Les bienfaits de la méditation : psy et phy
Psy
Avec la méditation et avec ce blog en général, l’idée est déjà d’être en amitié avec soi (voir l’article « je m’aime »).
Pendant la méditation, vous arrêtez de vous en vouloir :
- De ne pas avoir pris assez de temps pour vous reposer pendant un traitement,
- D’avoir pris trop de temps pour vous reposer pendant un traitement,
- De ne pas être en capacité de donner un enfant à l’aimé,
- De ne pas accueillir avec joie la grossesse de vos copines,
- De ne pas avoir réussi à vous détacher de certains propos de votre entourage (les fameux « n’y pense pas et tu vas y arriver », les « détends-toi, ça se joue dans ta tête »).
Tous ces « Ne pas » génèrent des états mentaux négatifs. La méditation arrive à point nommé pour vous apprendre à accepter vos défauts et la manière dont vous vivez vos expériences. Un des principes essentiels de la méditation est justement de laisser passer ses pensées sans s’y attarder, mais surtout sans jugement, sans aversion, sans dégoût. La méditation apprend à cultiver l’estime de soi, l’amour de soi. Et quoi de mieux que s’aimer pour pouvoir ensuite aimer un petit bébé ?
Ce qu’il convient de retenir c’est que tout est déjà là et pratiquer la méditation et la pleine conscience vous permettra d’apprendre à vivre le moment présent. Alors, vous allez me dire, ce que vous voulez vous c’est pas le moment présent : c’est le futur avec votre bébé. Le risque est de se perdre dans ce futur et d’oublier de vivre (voir l’article dans psy : « Le moment présent »).
Pour pallier l’insécurité liée au vide de vos entrailles et aux multiples bouleversements que vous traversez, la méditation offre un ancrage, un équilibre. Avec une pratique régulière, les circonstances extérieures devraient moins vous atteindre.
Lorsque vous êtes pleinement là, attentive à votre souffle et au vent, aux sons, aux mouvements subtils de vos entrailles, vos rêveries et vos ruminations s’éloignent, vous vous libérez des soucis créés par votre esprit. Parce que, soyons honnêtes, les questions nous piquent parfois comme des guêpes attirées par un pot de miel :
- Est-ce que la dose de Puregon, de Gonal F ou de Ménopur que vous a prescrit le médecin est la bonne ?
- Pourquoi le protocole que vous espériez commencer a été décalé au mois suivant (ou pire, dans le cas des suspensions liées au covid) ?
- Est-ce que la taille de vos follicules est idéale,
- Est-ce que leur évolution est cohérente, comment faire pour que votre cohorte soit plus harmonieuse ? (voir article « La cohorte ou le ballet des follicules » dans la catégorie « des mots pour nos maux »)
Retenez que penser sans cesse, ruminer, cogiter, vampirise votre énergie tandis que la méditation repose.
La méditation représente un temps calme pour une vie plus dynamique ensuite. Vous aurez plus d’énergie pour affronter la journée en général et ces débuts d’après-midi où vous êtes collée au téléphone en attendant que l’équipe qui vous suit vous indique la suite du protocole.
La méditation ne va pas résoudre vos problèmes intérieurs (cela dit, vous pouvez envisager un travail sur certains blocages, voir article EFT et Psy : lever les blocages) ou faire apparaître miraculeusement un bébé dans votre giron, mais elle contribuera à augmenter votre capacité à les vivre sereinement. Attention, certains vous diront à « résister à vos problèmes », mais résister à la réalité peut être nocif (voir l’article « accepter la réalité » et l’article « prière de la sérénité » dans la catégorie « psy »).
En méditant, vous trouverez l’équilibre et la force pour trouver des solutions créatives et qui vous conviennent (les vôtres, pas celles qui vous sont imposées par TOUS les conseils qui vous sont parfois jetés à la figure… et donc les miens aussi !)
En outre, la méditation aide à dormir (voir article « le sommeil » dans la catégorie phy) et le sommeil c’est essentiel pour appréhender au mieux cette période.
Phy
La méditation aurait par ailleurs un impact positif sur votre système immunitaire. C’est une bonne chose pour résister aux maladies qui n’attendent qu’une chose pour attaquer : que vous commenciez vos traitements, que vous soyez fatiguée par les hormones, mais aussi par les éprouvantes matinées de contrôle (voir l’article « quand votre corps vous parle », dans phy et dans psy).
Saviez-vous que la méditation donne la faculté de maîtriser des fonctions corporelles comme le rythme de votre cœur (que vous pouvez apaiser) et la température de votre corps. Rien que ce dernier savoir-faire peut être utile quand vous attendez nue sous une très fine blouse bleue (et avec le bonnet sexy) votre ponction d’ovocyte dans le sas pré-opératoire.
Dans The physical and Psychological Effects of Meditation, Michael Murphy et Steven Donovan évoquent les effets bénéfiques suivants (d’autres bénéfices existent et sont listés dans leur ouvrage, j’ai uniquement sélectionné ceux ayant un impact sur la gestion du vide de vos entrailles).
- Un rétablissement plus rapide après une période de stress (idéal pour se remettre d’une ponction, d’une stimulation, d’un résultat de hcg ou tout simplement d’un RDV)
- Une consommation plus faible d’énergie et d’oxygène : comme ça, toute l’énergie et tout l’oxygène économisés peuvent aller vers votre embryon !
- Une relaxation des muscles : essentiel pour éviter de se coincer un truc à la suite d’un protocole. Nous sommes nombreuses à tellement stresser lors d’un protocole et à voir notre corps se tendre et se rigidifier (voir l’article « quand votre corps vous parle », dans phy et dans psy). Par ailleurs, toujours au sujet des muscles : saviez-vous que la couche intermédiaire de votre paroi utérine est un muscle ?
- Une réduction de l’intensité de la douleur (certaines opérations peuvent être douloureuses).
La visualisation est également très utile, tout comme l’hypnose et l’auto-hypnose. Je vous conseille de lire les articles écrits à ce sujet.
Je peux vous donner des liens vers mes méditations guidées préférées si vous le souhaitez alors n’hésitez pas à me contacter (certaines sont mêmes spécifiques à la fertilité ou la fausse couche). Le site mindfull attitude (créé par MMA, avec des vidéos « boulot », mais aussi plein de vidéos généralistes qui sont excellentes. Perso, je vous recommande celle de cinq petites minutes qui se nomme « le sourire intérieur »
Clara Falala-Séchet, psychologue clinicienne et psychothérapeute partage avec nous cette méditation de la fertilité (lien). Clara pratique la méditation de pleine conscience depuis plus de 10 ans et est l’autrice de nombreuses méditations sur Insight Timer. Elle a également mis au point un chatbot de soutien psychologique nommé « Owlie », une petite chouette co-créée avec Igor Thiriez (psychiatre) et Lee Antoine (pair aidant en santé mentale) en concertation les utilisateurs. Je vous en parlerais davantage dans l’article Quand la peine vous submerge, le besoin d’une aide psychologique émerge dans la catégorie « Psy
Voilà tout pour aujourd’hui! Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’envoyer un message. Vous pouvez par ailleurs, dans un commentaire, nous parler de vos expériences de visualisation en PMA.
Si vous avez des questions, des commentaires, n’hésitez pas à me contacter.
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